“Savoirs et savant.e.s des bouleversements
environnementaux”

Comité d’organisation :
● Antoine Aubert (RT27)
● Christophe Baticle (RT38 Habiter le Monde -Université Jules Verne, Amiens)
● Constantin Brissaud (RT27 IFRIS/IRISSO (Université Paris-Dauphine))
● Fabien Carrié (RT27)
● Anémona Constantin (RT27 CEFRES, Université Charles, Prague)
● Tomas Legon (RT38)
● Sophie Némoz (RT38 LaSA – UBFC, Maison des Sciences de l’Homme et de l’Environnement – Action RIFTS – MSHE UAR 3124)
● Jérôme Pacouret (RT 27, MIAI Grenobles Alpes, CESSP)
● Cyprien Tasset (RT38 Umr Territoires)
Les propositions de communication, limitées à 3000 signes, sont à envoyer, avant le 6 juillet 2022, à : antoine.aubert21@gmail.com, cbaticle@aol.com, cbrissaud@gmail.com, fabien.carrie@hotmail.f, anemona.constantin@hotmail.fr, ytsecyco@aol.com, sophie.nemoz@univ-fcomte.fr, pacouret.jerome@gmail.com, cyprien.tasset@gmail.com. Cette journée d’études aura lieu au Campus Condorcet le 30 novembre 2022.

Argumentaire

Cette journée inter-RT propose d’examiner le rôle des activités et des professions intellectuelles dans la construction des problèmes environnementaux, et dans les politiques publiques environnementales.

Axe 1 : Légitimité et processus de légitimation des savant.es

Les communications pourront d’abord s’interroger sur les formes et les conditions de possibilité des interventions publiques des intellectuel•les, des scientifique.s et des expert•es au sujet des problèmes environnementaux. Quels types de légitimité et quelles ressources permettent à ces différentes figures de s’exprimer publiquement sur les problèmes environnementaux ? Dans quelles arènes et à travers quels canaux interviennent-t-elles ? Prendre la parole en tant que spécialiste de la cause écologique peut revenir à transgresser les limites formelles d’un champ de compétence professionnelle. Ces prises de positions conduisent le plus souvent à la mobilisation des registres de justification qui impliquent des considérations d’ordre moral. Nous invitons donc les contributeurs à documenter empiriquement et à réfléchir aux modalités de production de ce type de légitimité. A titre d’exemple, l’essor du GIEC comme principal pourvoyeur de données sur les problèmes environnementaux pourrait faire l’objet d’une réflexion spécifique : comment ce groupe a-t-il acquis sa notoriété ? Qu’est-ce qui le distingue d’acteurs individuels et fréquemment désignés comme experts acquis à la cause environnementale, tels Aurélien Barrau ou Jean-Marc Jancovici pour prendre deux exemples français ? Quelles propriétés ces expert⋅e⋅s partagent-i⋅el⋅ls ? Sur quelles ressources spécifiques l’expertise d’autres acteurs collectifs, comme l’Institut français du pétrole, ou les laboratoires de recherche des entreprises énergétiques comme Total repose-t-elle ? Une dimension comparative entre ces différents acteurs et les modalités de production et d’imposition dans l’espace public de leurs expertises serait
particulièrement bienvenue.

Axe 2 : Des écologies : figures, notions et espaces de circulation

Un deuxième ensemble de communications pourrait porter sur les arènes et les logiques de circulation des entreprises écologiques. D’une écologie “grand public” représentée par exemple par le succès d’un film comme Demain de Cyril Dion aux appropriations savantes des questions environnementales, des conceptions de l’écologie très différentes circulent à présent entre le champ politique, le champ intellectuel et l’espace des mouvements sociaux. Les tentatives de cartographie d’un champ de l’écologie seront ainsi particulièrement valorisées. Il est possible de s’interroger sur les interdépendances entre les discours scientifiques et politiques. Comment des notions servant à construire et politiser les questions environnementales – la “crise environnementale”, “l’anthropocène”, le “capitalocène”, “l’urgence climatique”, le “réchauffement climatique”, la “(chute de) biodiversité”, la “transition écologique”, la “justice climatique”, le “green new deal” etc. – sont-elles définies et interprétées à l’intersection d’espaces scientifiques, politiques, militants, culturels et médiatiques ? Quels sont les rôles spécifiques des intellectuel⋅le⋅s, des chercheurs et des expert⋅e⋅s dans la construction et la diffusion de ces savoirs ? A ce sujet, les communications pourraient articuler l’étude de ces discours, celle des trajectoires des acteurs impliqués dans leur diffusion et celle des propriétés des espaces de réception. Les communications pourront ainsi envisager les échelles, espaces, niveaux et temporalités où interviennent les savoirs et les savant.es pour construire les problèmes écologiques : comment circulent les connaissances et les professionnels entre les espaces nationaux, entre les arènes locales, nationales et internationales, à différentes époques historiques ? Comment ces déplacements transforment-ils les savoirs et leurs usages ? Quelles chaînes de médiation relaient, traduisent et  hiérarchisent la parole savante sur l’écologie dans les médias, au sein des institutions et organisations politiques, associatives ou et/ou militantes ? Quels déplacements ou formes de politisation en résultent ?

Axe 3 : Les conditions de production des savoirs experts sur le climat et l’environnement.

Ce troisième axe pourrait se concentrer sur la manière dont les oppositions politiques relatives aux questions environnementales se réfractent au sein des espaces intellectuels, que ce soit via l’importation de problématiques issues d’espaces militants ou l’appréciation de travaux académiques au regard de leurs affinités avec des mouvements politiques se revendiquant de l’écologie. Mais l’étude de la production des savoirs sur l’écologie pourrait également se nourrir de la sociologie de la quantification, et étudier la construction de modèles d’évolution – notamment du climat, ou encore les modes de financement des travaux, rapports, et autres scénarios sur la “crise climatique” ou environnementale. Là encore, une approche comparative entre acteurs individuels et collectifs, nationaux et internationaux serait particulièrement bienvenue.

Axe 4 : Temporalités de l’expertise écologique : prédictions, prophéties, scénarios, utopies.

Les communications pourront ici s’intéresser à la pluralité des formes d’intervention publique via la prédiction, ainsi qu’aux conditions de production, de réception et de légitimation de diverses prophéties « savantes », que ce soit au sein de champs ou de professions intellectuelles particulières ou auprès d’un large public. Les utopies construites par les sciences sociales et la littérature, les représentations fictionnelles de problèmes écologiques futurs, la popularisation des “scénarios”, leurs utilisations dans d’autres champs, notamment politique (qu’on pense aux rapports du GIEC, ou de l’association Negawatt) sont des exemples de phénomènes pouvant être analysés au prisme de l’engagement par la prédiction. La réflexion pourra être étendue aux effets des prédictions – et notamment des prédictions réussies et ratées – sur les trajectoires d’intellectuel•les et d’expert•es. Des communications proposant d’envisager la genèse de ces instruments de visibilisation intellectuelle, un aperçu des propriétés des expert⋅e⋅s qui s’y engagent, les structures récurrentes auxquelles les scénarios font appel, ou d’évaluer leurs effets, seraient particulièrement bienvenues.

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